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20 janvier 2009

Le triomphe des exceptions ?

Chef_TassAh non ! Quelque chose se passe sur cette planète de Dieu, qui m’ébouriffe ! Mais où et à qui me plaindre ? Puisque Lui, Dieu, il est là, tout près de moi, à chaque instant, mais inaccessible comme l’horizon devant le marcheur du désert.

C’est comme si la réussite suprême, c'est-à-dire, être grand milliardaire ou surtout Président de la République, dépend souvent désormais de handicaps exceptionnels, de signes négligeables qui font que la majorité ne s’y attende pas du tout, au moment où cela arrive.

Remarquez bien ce qui se passe depuis un certain temps sur l’arène internationale, surtout au niveau de la magistrature suprême des Etats :

Je peux commencer par l’évènement du jour, ce Mardi 20 Janvier 2009 : la prestation de serment de Barack Obama, l’homme aux multiples superlatifs de l’exceptionnel.

Premier président noir des Etats Unis d’Amérique, la première puissance du monde; le descendant d’un immigré kényan, l’enfant d’une blanche américaine, donc métis noir américain; l’époux d’une descendante « d’esclaves » américains, le brillant élève de l’école ségrégationniste américaine des années soixante ; l’étudiant qui se détache du lot par son intelligence exceptionnel, bref et enfin, l’homme le plus puissant de la planète à partir de ce jour. Si tout ceci n’est pas un triomphe de l’exception, il faudra bien le faire aussi !

Ce soir, cet homme d’exception, ce « handicapé » par sa couleur de peau dans une Amérique qui ne compte que 16% de noirs, passera sa première nuit à la Maison… Blanche. Lui et Michèle Obama, son épouse noire, ses deux filles noires, Malia et Sasha, ainsi que tous ses proches compagnons, parmi lesquels beaucoup de noirs. Sous les yeux d’un monde médusé et attendri, ainsi que d’une Amérique éberluée, mais compréhensive et respectueuse des règles, non d’une quelconque majorité démographique ou ethnique, mais de démocratie constitutionnelle vraie et civilisée.

Bienvenue à la Maison des Blancs, que dis-je là, à la Maison Blanche, Barraka Obaama !

Mais dis-donc, Obama, oui, je te dis dis-donc, mais comment : tu es né en 1961 ! Donc, dis-donc, Obama, ne pense pas que tu es seul dans ton cas d’exception, pour surfer ainsi sur le toit du monde ou des peuples. Suis ce qui suit, pour t’en convaincre :

Regarde la France, la Graaande Fraaance de « nos ancêtres », la France des Gaulois et des Bourbons, la France conservatrice et puriste. Regarde cette France qui, en début 2007, était placée dans un des plus grands dilemmes : choisir entre Ségolène royale, brillante intelligence, de souche française bien enracinée dans des siècles d’histoire, mais née au Sénégal, en Afrique, et « handicapée » par sa nature de femme, et un certain Nicolas Sarkozy, tout aussi brillant par les neurones, et ayant déjà fait ses preuves dans l’Administration française, mais « handicapé » par ses origines… hongroises, parce que descendant d’immigrés, même lointains, de ce pays.

Oui, choisir une femme pour diriger cette France si masochiste, c’était nettement embarrassant ! Même si, au nom d’une certaine éthique « républicaine et démocratique » ou d’une contraignante morale « d’égalité de chance entre les sexes », on s’est abstenu de le dire ou de le contester vertement.

Ou alors, élire un descendant d’immigré, au moment même où l’on clame la politique « d’immigration choisie » ou de négociations pour le renvoi des immigrés dans leurs pays d’origines.

Les français, après moult calculs, finiront par choisir le « moindre mal », en admettant à la Maison des élites, que dis-je là encore, la Maison des élus, non, l’Elysée, un nom à consonance grinçant : Nicolas Sarkozy. Si ceci n’est pas une exception, il faudra le faire aussi !

Et puis, la Pologne, ce pays des anciennes républiques de l’Est, qui s’est laissé gouverné, il n’y a pas encore longtemps, par des… jumeaux. Oui, des jumeaux : les frères Kaczynski, nés le même jour, de même père et de même mère, dont l’un était Président de la République et l’autre, Premier Ministre. Même si des dissensions de vue ont fini par pousser le frère-premier-ministre à quitter ses fonctions, ce fait exceptionnel restera inscrit dans l’Histoire de ce siècle du triomphe des exceptions, et d’une manière indélébile !

Si je commence à baisser le regard vers mon nombril, je vois le cas ghanéen. Un pays que l’on qualifie aujourd’hui de « meilleur élève des institutions financières internationales » et « champion du jeu démocratique » en Afrique. Vous rappelez-vous que ce Ghana a été mis sur les rails de la discipline sociale, de la rigueur économique et de la tolérance politique, donc du fair-play démocratique, vous rappelez-vous que tout cet exploit est venu d’un… métis et militaire : Jerry John Rawlings ?

Toujours les yeux sur le nombril, je ne peux ne pas voir mon pays, la Guinée. Remarquez ce qui vient de nous arriver : avant le décès du Président, imaginez quels pronostics, quels schémas et quels scénarii nous avons élaborés, chacun de son côté. Les partis politiques, les centrales syndicales, la Société Civile…, chacun suivait et attendait la fin de Lansana Conté avec ses espoirs et ses craintes. Les plus imaginatifs, pour ne pas dire les plus rêveurs, s’étaient déjà mis en position de dauphin constitutionnel ou naturel, tandis que d’autres affûtaient leurs armes sur des bases de suprématie démographique ou de représentativité politique « sur l’ensemble du territoire national » (sic !).

Le triomphe des exceptions, décidé en dernier ressort et en dépit de nos impuissantes volontés humaines, par le seul Maître du destin, a déjoué tous nos dessins et tous nos desseins : le nouvel homme fort de Guinée est complètement en porte-à-faux de tout ce que nous imaginions, sauf qu’il est militaire, comme le souhaitait la majorité des guinéens.

Le CNDD est nettement apolitique, ses membres ne revendiquent aucune appartenance syndicale ni à aucun groupe de pression. Ils ne sont ni de la nomenklatura militaire ou politique, ni des groupements ethniques classiques, ni des associations régionales, encore moins des lobbys économiques.

Le Président du CNDD vient de la Guinée forestière, une région qui ne s’est jamais révélée par une quelconque volonté de suprématie, ni démographique, ni financière, Dadis_et_Sidya__19_Mars_2009_ni même politique. Le Président Dadis est originaire du petit village de Koulé, à 42 km de N’Zérékoré, la capitale de la Guinée forestière.

Et –tenez-vous bien- contrairement à Sékou Touré, musulman et son épouse André Duplantier, chrétienne qui finira par adopter la religion musulmane pour finir Hadja André, contrairement à Lansana Conté, musulman et Henriette Bangoura, chrétienne qui bénéficia de la tolérance et de la compréhension de son époux pour rester à l’Eglise, le Président Dadis est un fervent chrétien, éduqué selon les préceptes de la Bible, son épouse Jeannette également, bref sa famille. Si ceci n’est pas une exception dans un pays à 85% de musulmans, il faudra bien le faire !

Et depuis le 23 Décembre dernier, les premiers pas donnant le présage, tout semble indiquer que c’est cette exception là qui risque de nous conduire vers la Guinée de nos vœux de cinquante années : l’unité des filles et fils de Guinée, le décollage économique du pays et enfin le bien-être pour chacun et tous.

On peut ne pas le croire, et surtout, ne pas le digérer, parce que allant à contre-courant de nos options ou de nos attentes, mais, curieusement, le monde à un certain niveau, semble avoir opté pour le triomphe des exceptions, et résolument tourné le dos à nos ressorts étriqués et rétrogrades que sont l’ethnie, la pureté raciale, la suprématie communautaire, le communautarisme religieux ou la dominance financière.

Et alors, ainsi vu, la sagesse, à ce niveau, ne serait-elle pas de nous faire faire un recul sur notre manière de réfléchir et de décider dans nos choix et nos options, pour ne pas rester toujours là à cogner la tête contre un mur sur lequel nous n’avons en fait, aucune prise, parce que décidé au-delà de nos limites humaines ?

Chacun de nous y gagnerait certainement mieux, en s’armant de tolérance envers les différences, de compréhension face aux imprévus de l’Histoire et de galanterie face à l’échec de nos pronostics.

Bienvenue à la Maison Blanche, à toi, Barack Obama, premier président noir de la première puissance mondiale !

Félicitations à vous tous, porteurs de « handicaps » positifs, pour votre engagement décomplexé dans l’édification de vos nations respectives !

Tolérance, compréhension et patience aux vrais et lucides patriotes de Guinée, notre Patrie !

Fodé Tass Sylla

Rédacteur en Chef

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